Raymond Ardaillou

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Raymond Ardaillou a été le témoin puis l’un des acteurs de l’essor de la néphrologie et, d’une manière générale, de la médecine scientifique, c’est-à-dire de la médecine basée sur la preuve. Au début des années 1960, il a suivi Gabriel Richet venu s’établir à l’hôpital Tenon, qui va devenir, comme l’hôpital Necker – Enfants malades avec une personnalité comme Jean Hamburger, un des grands centres de la néphrologie en France. Là, il a inventé et créé un laboratoire d’explorations fonctionnelles rénales, endocriniennes et métaboliques. Il y développe en particulier l’analyse de l’équilibre hydro-électrolytique, acido-basique et phospho-calcique. 

Raymond Ardaillou a inspiré et conduit une recherche à la fois clinique et cognitive. Ses travaux ont porté essentiellement sur la physiopathologie rénale et le contrôle hormonal des fonctions rénales. Ils ont été menés au sein de l’unité de recherche Inserm “Néphrologie normale et pathologique”, d’abord dirigée par Gabriel Richet dont il prendra la succession. Une des caractéristiques de ce laboratoire fut d’être étroitement liée aux services de néphrologie et d’explorations fonctionnelles de l’hôpital Tenon, ce qui a grandement facilité les travaux d’investigation clinique et explique également que leurs hypothèses ont toujours été posées et leurs objectifs fixés à partir de constatations cliniques. 

Chez l’homme, les premiers travaux de Raymond Ardaillou sont consacrés aux troubles de l’équilibre hydro-électrolytique (entre l’eau et différents électrolytes tel que le sodium ou le calcium). Avec Gabriel Richet et Claude Amiel, il met en évidence différents mécanismes en jeu dans l’insuffisance rénale chronique. Dans d’autres études, il montre également le rôle prépondérant des reins dans la dégradation de certaines hormones. 

Ses recherches sur la physiologie et la physiopathologie du glomérule rénal seront novatrices. On considérait jusqu’alors que le glomérule se comportait comme un filtre passif. Avec ses collaborateurs, Raymond Ardaillou apporte la preuve qu’il n’en est rien et que le glomérule est un système complexe, avec des cellules de type et de fonctions différents obéissant à un contrôle hormonal, et qu’il est également le lieu de synthèse de molécules particulières. 

Raymond Ardaillou s’intéresse ensuite aux facteurs de progression de la fibrose rénale dans des modèles expérimentaux d’insuffisance rénale chronique et au rôle de l’apport alimentaire en sel dans le développement de la pression artérielle. Avec ses collaborateurs, il met en évidence, en utilisant des souris génétiquement modifiées, le rôle majeur de l’angiotensine II (impliquée dans l’équilibre de la pression artérielle), indépendant de son effet sur la pression artérielle, et de l’endothéline (un vasoconstricteur). Il montre que l’augmentation au long terme de la teneur en sel du régime chez les chimpanzés accroit de façon durable la pression artérielle de ces animaux. 

Biographie

Raymond Ardaillou est né le 10 juin 1930 à Villeneuve-sur-Lot. Il a mené ses études secondaires au lycée de Villeneuve-sur-Lot et supérieures à la faculté de médecine de Paris. 

  • Externe (1950), puis interne (1953) des hôpitaux de Paris, élève de Gabriel Richet dans le service de néphrologie de Jean Hamburger à l’hôpital Necker – Enfants malades.
  • Docteur en médecine (1959).
  • Médecin assistant des hôpitaux de Paris, chef de clinique à la faculté de médecine de Paris dans le service de Jean Hamburger (1960).
  • Attaché de recherche à l’Institut national d’hygiène (INH), dans le laboratoire de Gabriel Richet, puis chargé de recherche (1963) et maître de recherche à l’Inserm (1966).
  • Certificat de chimie biologique et habilitation du CEA à l’usage des radio-isotopes.Agrégé (1965), maître de conférences agrégé en physiologie et biologiste des hôpitaux en physiologie et explorations fonctionnelles (1966), dans le service de Gabriel Richet qu’il rejoint à l’hôpital Tenon.
  • Chef de service des explorations fonctionnelles à l’hôpital Tenon (1973).
  • Professeur titulaire à titre personnel à l’UFR Saint-Antoine (1979).
  • Directeur du groupement de recherches coordonnées de physiologie rénale du CNRS (1983–1987).
  • Directeur de l’unité de recherche Inserm 64 “Néphrologie normale et pathologique” à l’hôpital Tenon à Paris(1985–1998), succédant à Gabriel Richet.
  • Professeur de classe exceptionnelle (1991).

Instances scientifiques et d’administration de la recherche

  • Membre du conseil scientifique de l’UFR Saint-Antoine (1971–1974 ; 1979–1987).
  • Membre du comité consultatif des universités (1976–1981 ; 1992–1999), président de la section de physiologie, membre du conseil de gestion de l’UFR Saint-Antoine (1974–1980 ; 1989–1993).
  • Membre de la commission « Physiologie » du CNRS (1978–1982), de la commission scientifique spécialisée (CSS) de l’Inserm « Appareils cardiovasculaire, respiratoire et urinaire, coagulation et thrombose, rein » (1983–1986) et président de la CSS « Systèmes épithéliaux et transports membranaires, rénaux, digestifs, cutanés et dans les organes des sens » (1991–1994).
  • Membre de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP (1987–1990).
  • Membre du conseil scientifique de la Fondation santé-radiofréquences depuis 2005.
  • Membre du comité national des sciences physiologiques (2000), président de la Fondation du rein depuis 2006. 

Sociétés savantes – Académies

  • Membre de l’Association des physiologistes de langue française, de la Société de néphrologie (secrétaire général et membre du conseil d’administration de 1970 à 1983), membre de la Société internationale de néphrologie, de la Société européenne d’investigation clinique (vice-président de 1970 à 1971), de l’American Society of Nephrology, de la Société de biologie.
  • Membre de l’Académie nationale de médecine depuis 1996, secrétaire adjoint (2003–2010), secrétaire perpétuel depuis 2011.
  • Membre de l’Academia Europaea (1996) et du conseil d’administration de la section physiologie-médecine (1997).
  • Membre de l’Académie nationale de Serbie depuis 2000.
  • Membre de l’Académie du rein. 

Prix – Distinctions

  • Lauréat de l’Académie de médecine.
  • Prix du baron Léon Barbier (1960), prix Montyon de l’Académie des sciences – Institut de France (1989).
  • Médaille Jean Hamburger de la Société française de néphrologie (2008). Professeur honoris causa de l’Académie de Sczcecin (Pologne).
  • Chevalier dans l’Ordre national du mérite (2002), chevalier de la Légion d’honneur (2006).