Patrick Chauvel

Remarque : ces contenus ont été récupérés automatiquement depuis l’ancien site « Histoire de l’Inserm » (http://histoire.inserm.fr) et n’ont pas été modifiés depuis.

Médecin et neurophysiopathologiste de formation, Patrick Chauvel a entamé sa carrière de chercheur au sein de l’unité de recherche Inserm 97 sur l’épilepsie fondée par Jean Talairach en 1970, puis dirigée par Jean Bancaud et Michel Lamarche à l’hôpital Sainte-Anne à Paris. Il entreprend, à partir des années 1975, des recherches d’abord expérimentales, puis cliniques sur les mécanismes des épilepsies. 

S’intéressant aux mécanismes de contrôle du développement d’un foyer épileptogène dans le cortex cérébral, sa démarche consiste à élaborer une modélisation expérimentale à partir de questions issues de la clinique, et à comprendre les dysfonctionnements du cortex épileptogène au regard de sa physiologie. C’est dans le cadre de l’exploration fonctionnelle stéréotaxique (stéréo-électro-encéphalographie) et de la chirurgie des épilepsies pharmaco-résistantes, qu’il mène ses recherches. La stéréo-électro-encéphalographie lui permet, en effet, d’accéder à l’enregistrement direct du cerveau humain au moyen d’électrodes intra-cérébrales, avec, en perspective, un geste thérapeutique destiné à guérir une épilepsie. Il étudie ainsi le déclenchement des crises d’épilepsie et leur propagation, sur la physiologie de l’aire motrice supplémentaire du cortex auditif, de la région mésio-temporale. 

La contribution première de Patrick Chauvel a été de démontrerque l’organisation de la zone épileptogène humaine était celle d’un réseau neural défini par un couplage fonctionnel anormal des structures initialement impliquées dans la décharge critique, concept qui s’oppose à la notion classique de “foyer épileptique”. La sémiologie clinique des crises est elle-même déterminée par l’activation paroxystique des réseaux qui sous-tendent la cognition et le comportement. 

C’est dans le domaine des épilepsies frontales, de leur différenciation anatomo-fonctionnelle et de leur traitement chirurgical que Patrick Chauvel est reconnu comme un pionnier. Des progrès très importants ont également été accomplis par son équipe dans les mécanismes qui sous-tendent la dominance hémisphérique pour le langage et, notamment le rôle du cortex baso-temporal dans la production de celui-ci. 

Durant toute sa carrière, Patrick Chauvel a pratiqué la multidisciplinarité entre la clinique et la neurophysiologie. Il poursuivra cet objectif à Rennes, à partir de 1990, en créant un contrat jeune formation Inserm où les neurosciences cognitives vont se développer avec la stéréo-électro-encéphalographie. C’est à cette époque que les sciences pour l’ingénieur entrent dans l’équipe. Celles-ci vont permettre de développer des méthodes de traitement du signal, qui ont conduit à démontrer la structure d’un réseau neural épileptogène et la localisation intra-cérébrale (problème inverse) des activités électriques recueillies en surface par l’électro-encéphalographie et la magnéto-encéphalographie. La confrontation directe avec la stéréo-électro-encéphalographie pour valider ces méthodes de localisation non-invasive sont un véritable objectif pour les explorations du futur. Dans le but de comprendre les signaux enregistrés dans le cortex humain par la stéréo-électro-encéphalographie, il élabore progressivement des modèles computationnels de la zone épileptogène, modèles qui permettent aujourd’hui de comprendre la synchronisation des aires corticales à l’origine des crises, la genèse de décharges de haute fréquence, la relation entre les activités critiques et inter-critiques. Cette modélisation est devenue un passage obligé entre la zone épileptogène humaine et la stratégie des recherches qu’elle doit inspirer en neurosciences cellulaires et moléculaires. 

C’est sur ces mêmes objectifs qu’à Marseille, Patrick Chauvel a développé à la fin des années 1990 de nouveaux axes de recherche, en créant successivement un contrat jeune formation Inserm, l’unité de recherche “Epilepsie et cognition”, en 2004, et l’Institut de neurosciences des systèmes en 2012. Cet Institut multi-disciplinaire associe des chercheurs en neurobiologie, en neurosciences cognitives et comportementales, en neurologie, en traitement du signal et en mathématiques appliquées. Sa forte originalité est d’introduire les neurosciences théoriques dans le domaine de l’épilepsie. C’est la construction d’un “cerveau virtuel”, modèle multi-échelles de la dynamique cérébrale normale ou pathologique, nourri par les données réelles de l’exploration des patients épileptiques au niveau des macro-réseaux et des résultats de la recherche sur les modèles expérimentaux au niveau des micro-réseaux. 

Depuis 2013, Patrick Chauvel collabore activement avec l’Epilepsy Center de la Cleveland Clinic, de manière à développer, de l’autre côté de l’Atlantique, l’exploration pré-chirurgicale par la stéréo-électro-encéphalographie, méthode française créée au sein de l’Inserm. 

Biographie

Patrick Chauvel est né le 27 mai 1948 à Rennes. Il a mené ses études secondaires à Rennes et ses études supérieures aux facultés de médecine et des sciences de Rennes et de Paris. 

  • Interne des hôpitaux de Rennes (1969–1975).
  • Certificats de biochimie structurale et métabolique, université de Rennes (1970), de neurophysiologie, université Paris VI (1972), DEA de neurophysiologie, université Paris VI (1973).
  • Attaché-assistant en physiologie, CHU de Rennes (1971–1973) puis au CHU Lariboisière-Saint-Louis, Paris (1973–1975).
  • Attaché de recherche (1975–1979), chargé de recherche à l’Inserm (1979–1990).
  • Chercheur au sein de l’unité Inserm 97 “Neurophysiopathologie et thérapeutique des épilepsies”, fondée par Jean Talairach, puis dirigée par Jean Bancaud sous l’intitulé “Exploration stéréotaxique et thérapeutiques chirurgicales des épilepsies” et par Michel Lamarche (1975–1995).
  • Doctorat d’Etat en médecine (1976).
  • Médecin-attaché à l’hôpital Sainte-Anne (1977–1986) et médecin consultant à l’Institution nationale des Invalides, Paris (1979–1983).
  • Spécialiste en neurologie (1980).
  • Praticien hospitalier à temps partiel à l’hôpital Sainte-Anne, Paris (1986–1990).
  • Diplôme d’habilitation à diriger des recherches, université Paris V (1989).
  • Professeur des universités, praticien hospitalier – PU-PH, au CHU de Rennes (1990).
  • Chef de service de la clinique neurologique, CHU de Rennes (1990–1996).
  • Directeur du contrat jeune formation Inserm “Épilepsies partielles, pathologie et physiologie du cortex cérébral chez l’homme”, CHU de Rennes (1990–1995).
  • Professeur des universités, faculté de médecine et de pharmacie de la Timone (1997).
  • Directeur du contrat jeune formation Inserm “Epilepsies, lésions cérébrales et systèmes neuraux de la cognition”, faculté de médecine et de pharmacie de la Timone, Marseille (1997–2005).
  • Directeur de l’unité Inserm 751 “Epilepsie et cognition”, faculté de médecine et de pharmacie de la Timone, Marseille (2006–2011).
  • Directeur de l’unité mixte Inserm 1106/université de la Méditerranée “Neuroscience des systèmes”, faculté de médecine et de pharmacie de la Timone, Marseille, depuis 2012.
  • Senior consultant à l’Institut neurologique de la Cleveland Clinic, Ohio, Etats-Unis, depuis 2013. 

Instances scientifiques

  • Membre de la commission scientifique spécialisée (CSS) de l’Inserm “Neurosciences : physiologie et physiopathologie des maladies des systèmes intégrés, des troubles mentaux et du comportement, recherche clinique et thérapeutique, innovation technologique” (1995–1998), de la CSS “Neurosciences et organes des sens – De la molécule au comportement normal et pathologique” (2003–2006).
  • Membre du conseil scientifique de la Fondation française pour la recherche sur l’épilepsie.
  • Membre de la commission de classification et de terminologie de la Ligue internationale contre l’épilepsie. 

Sociétés savantes – Académies

  • Membre de plusieurs sociétés savantes françaises et étrangères.
  • Président de la Ligue française contre l’épilepsie.
  • Membre du conseil scientifique de la Société de neurophysiologie clinique de langue française.
  • Membre de la Société française de neurologie.
  • Membre d’honneur de la Ligue allemande contre l’épilepsie, de la Ligue suisse contre l’épilepsie.
  • Membre de l’Académie royale de médecine de Belgique.