Marcel Legrain

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Marcel Legrain est l’un des plus brillants fondateurs de la néphrologie française, à laquelle il se consacra pendant près d’un demi-siècle. L’ensemble de son parcours professionnel constitue une réussite exemplaire de l’exercice de la médecine clinique à son plus haut niveau, associée à la réalisation de travaux d’investigation clinique, expérimentaux et épidémiologiques, ainsi qu’à un engagement pédagogique intense et permanent. Il répondait ainsi de façon parfaite au modèle du “médecin hospitalo-universitaire”, tel que la réforme de 1958 relative à la rénovation de la médecine hospitalière française l’avait défini. 

Pendant son internat, il découvre la néphrologie alors naissante et consacre, en 1951, sa thèse de doctorat en médecine aux néphrites aiguës anuriques. Marcel Legrain travaille alors sur l’insuffisance rénale aiguë. Il met en place l’une des premières unités de traitement de cette affection en France dans le service du Pr Maurice Dérot à l’Hôtel-Dieu de Paris. 

En 1965, il crée le service de néphrologie du centre médico-chirurgical Foch, à Suresnes, qu’il dirige jusqu’en 1972. Durant cette période, bien en avance sur son temps, il concrétise le concept du “traitement intégré de l’insuffisance rénale chronique”. Ce concept repose sur la disponibilité des méthodes de dialyse et de transplantation rénales au sein une même structure hospitalière. Au centre médico-chirurgical Foch à Suresnes, c’est grâce à la coopération permanente avec l’équipe de René Küss, directeur du service d’urologie de l’établissement, que les patients du service de néphrologie ont la possibilité de recevoir une greffe. Cette conception d’un pôle uro-néphrologique intégré connaît un nouvel essor dans le service de néphrologie du groupe hospitalier de la Pitié-Salpêtrière, dont Marcel Legrain assure la direction durant quatorze années. Il inspire et contribue à élargir, en dépit des résistances rencontrées à l’époque, l’application des méthodes de dialyse de suppléance, en particulier de la dialyse péritonéale, aux patients diabétiques en état d’urémie chronique terminale. Il sut l’ouvrir à toutes les alternatives à la dialyse à domicile. 

Marcel Legrain est par ailleurs à l’origine de travaux fondateurs dans les domaines de l’épidémiologie des maladies rénales en France, de l’économie de la santé, de la rationalisation des procédures d’utilisation des médicaments et du développement de la “néphro-pharmacologie”. L’enseignement fut tout au long de son parcours au coeur de tous les engagements de Marcel Legrain, cliniques, universitaires, scientifiques et administratifs. En témoignent le caractère très novateur et la clarté didactique de nombre de ses publications et ouvrages, l’organisation et l’animation de multiples colloques à visée pédagogique, notamment les séminaires d’uro-néphrologie qu’il crée en 1975. 

Biographie

Marcel Legrain est né le 13 octobre 1923 à Paris. Il a mené ses études secondaires au collège Saint-Louis à Paris et ses études supérieures à la faculté de médecine de Paris. 

  • Externe des hôpitaux de Paris (1943). Au débarquement en 1944, il interrompt son externat pour s’engager auprès de ses premiers maîtres. Il revient en 1945, après la campagne d’Allemagne et reçoit la Croix de guerre. 
  • Interne des hôpitaux de Paris (1946).
  • Thèse de doctorat en médecine (1961).
  • Séjour de deux ans dans l’unité de néphrologie de John Merril au Peter Bent Brigham Hospital, Boston, Massachussets (1951–1952), où il complète sa formation. 
  • Chef de clinique, clinique médicale à l’hôpital Cochin, à Paris, chez le professeur R Moreau (1952–1953), assistant des hôpitaux (1953).
  • Attaché de recherche (1953), chargé de recherche (1955–1959), maître de recherche à l’Institut national d’hygiène – INH (1963), directeur de recherche à l’Inserm (1964).
  • Chef de laboratoire à la clinique urologique, professeur B Fey (1953–1960).
  • Maître de conférences agrégé, faculté de médecine de Paris (1963).
  • Directeur de l’unité de recherche Inserm 27 “Néphro-urologie, greffe – transplantation” à l’hôpital Foch à Suresnes (1963–1976).
  • Créateur et directeur, à l’hôpital Foch, du premier département de néphrologie (1965–1972), associé au service d’urologie dirigé par René Küss, 
  • Directeur du service de néphrologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (1972–1986).

En 1986, Marcel Legrain prend une retraite anticipée et est nommé professeur de néphrologie à la faculté de médecine d’Alger. C’est l’aboutissement d’une longue et fructueuse collaboration avec les néphrologues algériens, qu’il avait antérieurement accueillis en grand nombre dans son service. Pendant deux ans, il sillonne ce pays pour enseigner et conseiller. Il contribuera à la mise en place de l’enseignement de la néphrologie à la faculté de médecine d’Alger (1989).

À son retour, en 1988, Marcel Legrain se consacre à des travaux de santé publique, domaine dont il avait très tôt compris l’importance. Professeur émérite de la faculté de médecine de la Pitié-Salpêtrière (1987).

Marcel Legrain est décédé à Paris le 21 juin 2003. 

Instances scientifiques et d’administration de la recherche

  • Membre des commissions scientifiques spécialisées de l’Inserm “Métabolismes inorganiques, physiologie et pathologie rénales et ostéo-articulaires” (1964–1967 ; 1968–1974), “Appareils cardio-vasculaire, respiratoire et urinaire, coagulation et thrombose, rein : physiologie, physiopathologie, pharmacologie, toxicologie, environnement, chirurgie, radiologie, épidémiologie, santé publique, génie biologique et médical” (1979–1982).
  • Conseiller auprès de Simone Veil, ministre de la Santé (1974–1979).
  • Président de la commission d’autorisation de mise sur le marché des médicaments (AMM) au ministère de la Santé (1978–1985).

Sociétés savantes – Académies 

  • Membre de la Société française d’urologie, de la Société internationale d’urologie.
  • Membre puis président (1977–1979) de la Société de néphrologie. 
  • Président de l’Association pour l’utilisation du rein artificiel (1977–1985), membre de l’European Renal Association. 
  • Président de l’European Dialysis and Transplant Association (1978–1981), membre de la Société algérienne de néphrologie.
  • Membre de l’Académie de médecine (2001).

Prix – Distinctions

  • Croix de Guerre (1939–1945).
  • Grand officier dans l’ordre national du Mérite. 
  • Commandeur dans l’ordre national de la Légion d’honneur.