Jean Rommelaere

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Les travaux de Jean Rommelaere concernent les parvoviruset notamment la capacité originale du parvovirus-H1 à tuer les cellules cancéreuses. 

Jean Rommelaere s’est intéressé aux parvovirus dès ses travaux de thèse sur les mécanismes de réparation de l’ADN. En effet, ces virus possèdent un génome d’ADN simple brin dont la copie, durant le cycle viral, constitue un modèle de choix pour analyser la tolérance des lésions lors de la réplication de l’ADN endommagé. Ces virus ont ainsi permis de mettre en évidence l’induction d’un mécanisme de réplication infidèle (mutagène) de l’ADN dans les cellules irradiées. Les parvovirus constituent à ce titre un modèle de choix pour analyser la tolérance des lésions lors de la copie d’un brin d’ADN endommagé. 

Les parvovirus autonomes de rongeurs sont dépourvus d’action cancérogène, mais ont souvent été isolés à partir de tumeurs humaines transplantées chez l’animal. Ces observations suggèrent qu’ils entretiennent une relation opportuniste avec les cellules tumorales humaines qui offrent un milieu particulièrement favorable à leur réplication. Fasciné par cette propriété d’onco-tropisme, Jean Rommelaere a choisi de se focaliser sur leur étude pour deux raisons. D’une part, la spécificité des parvovirus pour les cellules tumorales laisse entrevoir l’utilisation de ces agents comme sondes moléculaires par l’identification de perturbations cellulaires associées à la transformation maligne. D’autre part, les interactions entre parvovirus et cellules cancéreuses ouvrent des perspectives thérapeutiques : le cycle productif des parvovirus conduit généralement à la mort des cellules infectées, ce qui soulève l’espoir de pouvoir utiliser ces virus comme agents oncolytiques (destructeurs des cellules cancéreuses). 

Jean Rommelaere et ses collaborateurs ont développé des systèmes de culture cellulaire et des modèles animaux pour démontrer la capacité oncolytique des parvovirus. Cette propriété a été analysée au niveau moléculaire, tant pour son onco-spécificité que pour son mode d’action.. L’onco-tropisme parvoviral a pu être imputé à différents impacts de la transformation maligne sur la réplication, la transcription et la cytotoxicité des parvovirus. Par ailleurs, ils ont identifié la protéine virale NS1 comme responsable de la mort des cellules cancéreuses infectées, et caractérisé les diverses altérations que son expression provoque dans les cellules cibles. Il est intéressant de noter que les mécanismes de mort cellulaire induits par les parvovirus permettent à ces virus de tuer des cellules tumorales résistantes à des agents anticancéreux conventionnels. L’analyse des modèles animaux les a également conduits à mettre en évidence la contribution importante du système immunitaire à l’onco-suppression parvovirale. Cette composante immunitaire est essentielle car elle prend le relais de l’oncolyse virale et permet l’élimination des cellules cancéreuses qui ont échappé à l’infection. Les parvovirus agissent sur les cellules immunitaires à la fois de façon directe et par le biais de la mort immunogénique qu’ils induisent dans les cellules tumorales. 

Ces études fondamentales ont été appliquées à l’optimisation de l’action anticancéreuse exercée par les parvovirus dans différents modèles animaux de cancer. Afin d’accroître l’efficacité antitumorale, des traitements de seconde génération ont été élaborés sous forme de parvovirus modifiés obtenus par ingénierie génétique ou sélection naturelle, et de combinaisons de parvovirus avec d’autres agents, tels que des modulateurs épigénétiques. 

Un effort particulier a été consenti par le laboratoire de Jean Rommelaere dans le transfert des connaissances vers des applications thérapeutiques. Au terme d’un processus de plus de cinq ans, les exigences expérimentales, législatives et financières ont été satisfaites et ont permis le lancement récent d’essais cliniques avec le parvovirus H‑1 chez des patients atteints de tumeurs cérébrales (gliome malin, neuroblastome). A ce stade, ces études ont pour objectif de confirmer l’innocuité du parvovirus, et secondairement de rechercher les premières indications d’efficacité. 

Jean Rommelaere a également été le directeur dupremier laboratoire européen de l’Inserm, l’unité « Virologie appliquée à l’oncologie », implantée en 1993 dans le centre allemand de recherche sur le cancer (DKFZ) à Heidelberg, en Allemagne. Unique en son genre pendant de nombreuses années, cette création a été suivie de l’établissement de divers autres laboratoires internationaux de l’Inserm, dont une seconde unité de recherche en virothérapie du cancer dirigée par Jean Rommelaere à Heidelberg jusqu’en 2011. 

Biographie

Jean Rommelaere est né 15 octobre 1948 à Bruxelles en Belgique. Il a mené ses études secondaires et supérieures à Bruxelles. 

  • Docteur ès sciences en biologie moléculaire, dont la thèse s’intitule « Réplication, réparation et échanges interchromatidiens d’ADN dans les cellules somatiques de mammifères », université libre de Bruxelles (1974).
  • Aspirant, chargé de recherches, puis chercheur qualifié au Fonds national belge de la recherche scientifique à Bruxelles dans le laboratoire de biophysique et radiobiologie, université libre de Bruxelles (1970–1984).
  • Postdoctorant au Center for Cancer Research/Massachusetts Institute of Technology, Cambridge, Etats-Unis (1976–1978), puis au Department of Molecular Biophysics and Biochemistry, Yale University School of Medicine à New Haven, Etats-Unis (1978–1979).
  • Chargé de cours à l’université libre de Bruxelles (1984–1992).
  • Directeur de recherches à l’Inserm (1984–1992).
  • Directeur du laboratoire de biophysique et radiobiologie, université libre de Bruxelles (1984–1992).
  • Professeur-visiteur à l’université médicale de Shanghai, Chine (1989).
  • Président du département « Infection et cancer » au centre allemand de recherche sur le cancer, DKFZ, Heidelberg (1992–2006).
  • Directeur du service de virologie tumorale, centre allemand de recherche sur le cancer (également appelé Deutsches Krebsforschungszentrum ou DKFZ) à Heidelberg, Allemagne depuis 1992.
  • Professeur à la Ruprecht-Karls-Universität à Heidelberg (depuis 1992).
  • Directeur de l’unité de recherche Inserm 375 « Virologie appliquée à l’oncologie » (1993–2004), devenue unité 701 « Virothérapie du cancer », au DKFZ à Heidelberg (2005–2011).
  • Directeur de l’unité « Tumor Virology » au DKFZ depuis 2012.

Instances scientifiques et de gestion de la recherche

  • Professeur conseiller à l’université FuDan, Shanghai, Chine (1995).
  • Membre de la commission scientifique spécialisée « Microbiologie et maladies infectieuses – Micro-organismes, relations hôte-pathogène, oncogenèse virale, agents et thérapeutiques anti-infectieux » de l’Inserm (2003–2006).
  • Membre du conseil scientifique de la Fondation innovations en infectiologie, Lyon.
  • Membre du jury du prix Léopold Griffuel de l’Association pour la recherche sur le cancer.
  • Expert de nombreuses institutions de recherche (ARC, AFM, CNRS, Inserm, ANR, IGR, Mérieux Alliance) et d’organisations internationales dont la Commission des communautés européennes. 

Sociétés savantes – Académies

  • Membre de l’American Association for Cancer Research.
  • Membre de l’American Society for Virology, de l’American Society for Microbiology.
  • Membre de l’American Association for the Advancement of Science.
  • Membre de l’Association franco-allemande pour la science et la technologie.
  • Membre de la Deutsche Gesellschaft für Virologie et de la Gesellschaft Deutscher Naturforscher und Ärzte.
  • Membre de l’European Association for Cancer Research.
  • Membre de la Société française de thérapie cellulaire et génique.
  • Membre étranger de l’Académie nationale bulgare de médecine (2009).

Prix – distinctions 

  • Prix Fleurice Mercier de l’université libre de Bruxelles (1968).
  • Prix Scientifique Louis Empain pour les sciences naturelles et médicales de la Fondation universitaire belge (1976).
  • Prix F De Waele pour la recherche sur le cancer du Fonds national belge de la recherche scientifique (1984).
  • Prix P Descamps par l’œuvre belge du cancer (1991).
  • Officier dans l’Ordre national du mérite, France (2005).