Henri Leridon

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Publié le 22 novembre 2018 

Henri Leridon est démographe. Ses domaines de recherche concernent la reproduction humaine, la dynamique des populations, les comportements sexuels dans le contexte du sida, ainsi que la famille. 

Henri Leridon a consacré ses premiers travaux à l’analyse de la fertilité des populations humaines. Ses recherches se situaient dans la lignée de celles du démographe et historien français, Louis Henry, sur les diverses composantes de la fertilité : fécondabilité, mortalité intra-utérine, stérilité du post-partum et stérilité définitive. Il a également travaillé sur la recombinaison de ces composantes dans des modèles, en particulier par microsimulation selon la méthode dite de Monte-Carlo. 

Cette approche lui a permis d’établir des liens entre les contraintes physiologiques de la reproduction humaine et l’effet des comportements individuels. Il a par exemple étudié les relations entre le nombre des couples qui utilisent des méthodes de contraception, l’efficacité des techniques utilisées et la baisse de la fécondité. Les mêmes modèles permettent aussi d’analyser les conséquences du report à un âge de plus en plus tardif de la première naissance, tant sur le niveau global de la fécondité que sur la difficulté pour les couples à obtenir les enfants désirés. 

Pour disposer d’informations fiables sur les pratiques des populations contemporaines, Henri Leridon a dirigé des enquêtes nationales et collaboré à plusieurs projets internationaux. 

L’analyse de la fécondité et des comportements sexuels 

La statistique courante devenant insuffisante pour analyser les évolutions de la fécondité dans les pays occidentaux, les démographes ont dû innover sur le plan des modes d’observation et parfois sur celui des concepts. 

Les enquêtes organisées à l’Institut national d’études démographiques (Ined) par Henri Leridon ont permis de suivre et de mieux comprendre ces évolutions, en rapprochant le mouvement de la fécondité de celui des structures et des normes familiales. Ces changements sont d’autant plus significatifs qu’ils portent sur la famille, considérée comme un des fondements essentiels de l’organisation de nos sociétés et comme une valeur-refuge en période difficile. 

Par ailleurs, l’épidémie de VIH-sida a rendu primordiale l’obtention de données fiables sur les comportements sexuels – composante souvent négligée des comportements de reproduction. Henri Leridon a ainsi participé aux deux grandes enquêtes françaises de 1992 et 2005 et analysé plus particulièrement la cohérence des données concernant la fréquence des rapports et le nombre de partenaires, sur plusieurs périodes. 

Suivre les enfants, de leur naissance à l’âge adulte 

En 2002, Henri Leridon a lancé l’idée d’une cohorte nationale d’enfants, qui visait à suivre un échantillon national représentatif de 20 000 enfants, de leur naissance à l’âge adulte, pour étudier tous les aspects de leur développement dans une approche pluridisciplinaire. 

Fusionné en 2005 avec une étude similaire portant sur les aspects environnementaux, le projet a été baptisé Elfe : il est soutenu par l’Ined, l’Inserm, l’Institut national de veille sanitaire (InVS), l’Établissement français du sang ainsi que par les ministères de la Santé, de la Recherche, de l’Environnement, de la Culture, et par la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf).

L’objectif général de cette cohorte est de comprendre comment les conditions périnatales, l’environnement dans ses différentes dimensions affectent, de la période intra-utérine à l’adolescence, le développement, la santé et la socialisation des enfants. 

Une soixantaine d’équipes sont impliquées – travaillant sur des thématiques de sciences sociales, de santé, et de santé-environnement –, dont la coordination est assurée par une unité mixte spécifique Inserm/Ined/EFS, basée à l’Ined. 18 700 familles ont été recrutées entre avril et décembre 2011, dans un échantillon de 315 maternités et toute une méthodologie de questionnaires et de prélèvements biologiques a été mise en place pour suivre les enfants et leur famille pendant 20 ans 

Les premiers résultats, tirés des observations en maternité et jusqu’aux deux ans de l’enfant, ont révélé, par exemple, les taux d’exposition à divers polluants de l’environnement pendant la grossesse, les pratiques d’allaitement et d’alimentation des bébés, ou l’utilisation excessive des écrans (TV, tablettes…, par les très jeunes enfants. Henri Leridon a assuré la direction de projet jusqu’à mars 2010, et en est depuis conseiller scientifique. 

L’évolution démographique de l’Académie des sciences 

Dans les années 2000, les projets de réforme de plusieurs académies scientifiques ont été l’occasion d’étudier l’évolution démographique de ces corps particuliers : Académie des sciences de l’Institut de France, Académie de médecine, Collège de France… Henri Leridon a ainsi examiné leurs perspectives d’évolution, selon diverses hypothèses de fonctionnement. Il a notamment reconstitué dans le détail l’évolution de la population de l’Académie des sciences depuis 1666, contribuant au moyen de projections à éclairer le choix de nouvelles règles de fonctionnement en son sein 

Biographie

Henri Leridon est né le 15 juillet 1942 à Alger. Il a terminé ses études secondaires au lycée Hoche de Versailles et ses études supérieures en classes préparatoires à Paris. 

  • École polytechnique (1962–1964)
  • DES en sciences économiques, université de Caen (1967)
  • Entrée à l’Institut national des études démographiques (Ined) en 1965, au sein duquel, il effectuera toute sa carrière, avec quelques exceptions 
  • Doctorat d’État en sciences économiques, université Paris I (1972)
  • Enseignant à l’École nationale de la statistique et de l’administration économique – ENSAE (1976–1998), au DEA de démographie économique, Institut d’études politiques de Paris (1989–2000), et dans plusieurs DEA et écoles d’été (Louvain-la-Neuve, Bicêtre…) 
  • Responsable d’unités de recherche à l’Ined (1976–1979, 1996–2001)
  • Visiting Lecturer, université de Pennsylvanie, Philadelphie, États-Unis (1974–1975)
  • Directeur du département de socio-démographie à l’Ined (1979–1992, 2001–2006)
  • Directeur de l’unité Inserm 292 « Épidémiologie, démographie et sciences sociales : santé reproductive, sexualité et sida », succédant à Alfred Spira (1985–2001)
  • Directeur de l’unité de recherche mixte Inserm 569/Ined/Paris XI, avec le même intitulé, hôpital du Kremlin-Bicêtre (2002–2006)
  • Professeur associé au Collège de France, chaire de développement durable (2008–2009)
  • Directeur de recherche émérite à l’Ined depuis 2007

Instances scientifiques et de gestion de la recherche

  • Rapporteur général des groupes Prospective de la famille au Commissariat au Plan, (1974–1975, 1980–1981)
  • Président de la Commission de l’étude comparée de la fécondité de l’UIESP (1977–1981)
  • Membre de nombreux conseils scientifiques : Ined (1987–1995), comité français d’éducation pour la santé (1995–1999), GIS Longévité, ATC Vieillissement (Inserm), futur Campus Condorcet 
  • Responsable du groupe Cohortes de l’Inserm (2003–2005)
  • Rédacteur en chef des collections de l’Ined (1989–1996)
  • Membre de plusieurs comités éditoriaux de revues internationales, depuis 1990 
  • Président de l’intercommission de l’Inserm « Évolutions démographiques et santé humaine » (1995–1999)
  • Rédacteur en chef de la revue Population (1996 ‑2002)
  • Directeur du GIS-ELFE – Enquête longitudinale française depuis l’enfance (2006 ‑2010)
  • Co-responsable, avec Heather Evelyn Joshi, University of London, du réseau EUCCONET de l’European Science Foundation (2008–2013)
  • Conseiller de l’étude Elfe depuis avril 2011 

Sociétés savantes – Académies

  • Président de la Commission de l’étude comparée de la fécondité de l’UIESP (1977–1981)
  • Membre du Conseil de l’union internationale pour l’étude scientifique de la population – UIESP (1977–1985)
  • Membre correspondant de l’Académie des sciences – Institut de France depuis 1994 
  • Membre de la Task Force “Reproduction and Society”, European Society for Human Reproduction and Embryology – ESHRE (2008–2014)
  • Co-rapporteur, avec G. de Marsily, du groupe RST de l’Académie des sciences – Institut de France “Démographie, climat et alimentation mondiale” (2008–2010)
  • Membre étranger de la British Academy depuis 2014 

Prix – distinctions

  • Prix du Statisticien d’expression française 1989 des Sociétés de statistique de Paris et de France 
  • Lauréat de l’Union internationale pour l’étude scientifique de la population – UIESP, prix remis à Boston le 31 mars 2004 
  • Prix Raymond-Ferrando de l’Académie vétérinaire de France pour l’ouvrage Démographie, climat et alimentation mondiale, novembre 2012