François Alhenc-Gelas

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Les travaux de François Alhenc-Gelas concernent les systèmes peptidiques vasomoteurs, rénine-angiotensine (SRA) et kallicréine-kinine (SKK), et leur rôle dans le fonctionnement des artères, du cœur et du rein, et dans les maladies touchant ces organes. 

La physiologie de la circulation sanguine est un déterminant critique du fonctionnement des organes et de l’homéostasie. Les dérèglements circulatoires entrainent la dégénérescence et la mort tissulaire et sont la première cause de mortalité prématurée dans le monde développé et en développement. Les maladies cardiovasculaires se manifestent initialement par des altérations de la vasomotricité artérielle, qui conduisent à l’artériosclérose, l’athérosclérose, l’obstruction artérielle et, in fine, à l’ischémie et à la nécrose tissulaire. L’étude des phénomènes précoces de dérégulation des fonctions artérielles est un abord pertinent de la physiopathologie des maladies cardiovasculaires. Une hypothèse est que le développement de ces maladies est en partie lié à une activité inappropriée (en gain ou en perte) à l’homéostasie circulatoire de certains systèmes extrinsèques de contrôle de la vasomotricité, système nerveux sympathique, système rénine-angiotensine, et système kallicréine-kinine. Tester cette hypothèse implique de bien connaître l’organisation moléculaire, la régulation et les actions physiologiques de ces systèmes avant d’en étudier les dérèglements. 

Ces concepts ont conduit François Alhenc-Gelas à mener à la fois des travaux de biochimie et de physiologie des régulations, fondés en grande partie sur les techniques de biologie moléculaire, et des travaux cliniques. Ceux-ci lui ont permis de décrire la structure d’enzymes-clefs en physiologie vasculaire, et de leurs gènes, telle l’enzyme de conversion de l’angiotensine ou kininase II (ECA) et de découvrir ses deux sites actifs, et la kallicréine. Il a également documenté la double organisation endocrine et paracrine du système rénine-angiotensine et du système kallicréine-kinine et montré l’importance insoupçonnée de ce dernier en physiologie artérielle Avec son équipe, il a mis en évidence les effets protecteurs du système kallicréine-kinine contre les conséquences tissulaires de l’ischémie ou de l’hyperglycémie et les effets délétères d’une activité constitutive élevée de l’enzyme de conversion de l’angiotensine dans ces circonstances pathologiques. 

François Alhenc-Gelas a particulièrement développé la notion de variabilité inter-individuelle dans l’activité des systèmes peptidiques vasomoteurs. Il a étudié les mécanismes de cette variabilité qui sont souvent, mais pas toujours, de nature génétique, ses conséquences physiologiques et son association avec le risque d’apparition des maladies et leur pronostic. Les traits humains quantitatifs ont été reproduits chez la souris par manipulation génétique, pour établir les rapports de causalité au-delà des observations d’association, seules possibles dans les études cliniques. Ces études cliniques et leur prolongement expérimental ont montré que l’enzyme de conversion de l’angiotensine et son déterminisme génétique jouent un rôle dans l’apparition et la progression des maladies vasculaires dégénératives cardiaques et rénales, en particulier au cours du diabète. Ces observations ont contribué à populariser l’étude de traits génétiques quantitatifs dans la physiopathologie des maladies multifactorielles. 

Le diabète sucré est devenu la première cause identifiée de cardiopathie ischémique et d’insuffisance rénale chronique dans le monde. Les mécanismes des effets vasculaires délétères de l’hyperglycémie chronique demeurent cependant largement incompris. François Alhenc-Gelas et ses collaborateurs se sont intéressés à ce sujet à la suite de leurs observations princeps liant l’activité de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, ou la déficience du système kallicréine-kinine, au développement des complications cardiovasculaires et rénales du diabète, chez l’homme et chez la souris. La thérapeutique des maladies ischémiques et diabétiques est maintenant abordée par le développement d’agonistes pharmacologiques du système kallicréine-kinine. 

Biographie

François Alhenc-Gelas est né le 14 décembre 1948 à Paris. Il a mené ses études secondaires et supérieures à Paris. 

  • Certificat préparatoire aux études médicales et aux études de biologie humaine, faculté des sciences de Paris (1967).
  • Interne des hôpitaux de Paris (1972).
  • Diplôme d’études approfondies en physiologie animale (endocrinologie), faculté des sciences de Paris (1975).
  • Service militaire : médecin, hôpital d’instruction du Val-de-Grâce, Paris (1973–1974).
  • Doctorat en médecine, qualification en cardiologie et en médecine interne, faculté de médecine de la Pitié-Salpêtrière, Paris (1978).
  • Chercheur post-doctorant, Association Claude-Bernard, unité Inserm 36 « Biologie animale et technique expérimentale », dirigée par Edouard Housset, Institut du Fer-à-Moulin, Paris (1978–1979).
  • Chercheur post-doctorant, chez EG Erdös, Department of Pharmacology and Internal Medicine, Southwestern Medical School, Dallas, Texas, Etats-Unis (1979–1981).
  • Chef de clinique assistant, faculté de médecine Broussais – Hôtel-Dieu, service d’hypertension artérielle, dirigé par Joël Menard, hôpital Broussais, Paris (1981–1983).
  • Chargé de recherche (1983), directeur de recherche de 1ère classe (1987) à l’Inserm.
  • Chercheur dans l’unité Inserm 36 « Pathologie vasculaire et endocrinologie rénale », dirigée par Pierre Corvol, Paris (1983–1992).
  • Directeur de l’unité Inserm 367 « Physiologie et pathologie expérimentale vasculaire » Institut du Fer-à-Moulin, Paris (1993–2004), puis de l’unité 652 « Physiologie et pharmacologie vasculaire et rénale » Institut biomédical des Cordeliers, Paris (2005–2008).
  • Responsable de l’équipe « Complications vasculaires du diabète » au sein de l’unité 872, dirigée par Wolf Hervé Fridman, Institut biomédical des Cordeliers (2008–2013).
  • Médecin consultant à l’hôpital Broussais, puis à l’hôpital européen Georges-Pompidou, service de médecine vasculaire.

Instances scientifiques et de gestion de la recherche

  • Membre de la commission scientifique spécialisée « Systèmes cardiovasculaire et respiratoire-Muscle-Hématologie, hémostase, angiogenèse » (2003–2006), de la commission Avenir, de la commission de recherche clinique, de jurys d’admission de concours de recrutement de chercheurs et de groupes d’expertise collective à l’Inserm.
  • Membre du conseil scientifique de la faculté de médecine Broussais – Hôtel-Dieu et de la faculté Paris-Descartes (2005–2008), du comité scientifique du centre d’investigation clinique Inserm/AP-HP de l’hôpital européen Georges-Pompidou, du conseil scientifique du centre Leibniz de recherche sur l’athérosclérose (Münster, Allemagne).
  • Coordinateur de projets multicentriques soutenus par le ministère de la Recherche et de la Technologie ou l’agence nationale de la recherche (ANR) et d’un groupe de travail thématique dans un réseau d’excellence de la communauté européenne.
  • Expert pour l’agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, l’ANR, le CNRS et la direction de la recherche de la communauté européenne.
  • Membre du groupe de travail de pharmacogénétique de l’Agence européenne du médicament – EMEA, Londres (2005–2012).
  • Enseignement universitaire de science et de médecine, deuxième et troisième cycles, direction et co-direction de thèses d’université. Enseignement dans le cadre d’écoles d’été de sociétés savantes européennes.
  • Co-présidence d’une Gordon Research Conference (Ventura, Californie, 2001).
  • Présidence du congrès « Vasoactive and Inflammatory mediators », Paris, 2012.

Sociétés savantes – Académies

  • Membre de la Société française de cardiologie, de la Société française d’hypertension artérielle.
  • Foundation member de l’European Council on Cardiovascular Research, European Association for the Study of Diabetes, European Diabetic Nephropathy Study group.
  • Membre de l’American Heart Association, Fellow of the Council for High Blood Pressure Research. Membre de l’American Physiological Society.
  • Membre de comités éditoriaux de journaux : Journal of Hypertension (1994–1996), Fundamental and Clinical Pharmacology (éditeur de spécialités : pharmacologie moléculaire et biochimie) (1992–1998), Journal of Molecular Medicine (2002–2009), Hypertension, American Heart Association depuis 2012.
  • Editeur invité pour l’American Journal of Physiology, Heart-Circulatory (2005) et Biological Chemistry (2013).

Prix – Distinctions 

  • Prix du comité de lutte contre l’hypertension artérielle, Paris, 1988.
  • Prix de la Fondation Spa décerné par le Fonds national de la recherche scientifique de Belgique, Bruxelles (1991), prix mondial triennal.
  • Prix Frey-Werle de l’université Ludwig-Maximilian de Munich (1998).
  • Prix de la Fondation pour la recherche biomédicale – PCL.
  • Grand prix de l’Académie des sciences – Institut de France (2004).
  • Allocation d’excellence scientifique de l’Inserm (2010).