« Allô la mère ? » – C’est quoi le placenta ?

Dans l’espace, les astronautes sont équipés d’une combinaison qui leur permet de respirer, les protège des éléments extérieurs et inclut un système de communication avec le vaisseau mère… Dans l’utérus, les fœtus n’ont pas de combinaison mais un placenta. Cet organe éphémère est encore plus fonctionnel et sophistiqué que le matériel spatial. Son intégrité est essentielle au bon déroulement d’une grossesse.

Quel est l’organe sans lequel vous ne pourriez pas être en train de lire cet article, alors que vous en êtes dépourvu depuis votre naissance ?... Le placenta ! Pendant neuf mois, il assure de multiples fonctions indispensables au développement d’un fœtus : approvisionnement en oxygène et en nutriments, évacuation des « déchets » (comme le dioxyde de carbone issu de la respiration et les déchets métaboliques), protection contre des pathogènes, certaines substances toxiques ou encore le système immunitaire maternel (pour lequel le fœtus est un intrus !). Il conduit en outre à la production d’hormones et d’autres facteurs nécessaires à la naissance d’un enfant en bonne santé.

Autant dire que la formation de cet organe est une étape cruciale de la vie. Elle démarre dans la semaine qui suit la fécondation, à partir de cellules issues de l’embryon, et se poursuit pendant près de trois mois. Petit à petit, le placenta se développe, s’implante dans la paroi de l’utérus et crée un gigantesque réseau d’échanges avec la circulation maternelle : plusieurs dizaines de kilomètres de vaisseaux sanguins ! Tout problème qui survient au cours de ce processus complexe ou qui affecte ultérieurement la fonctionnalité de l’organe peut avoir des conséquences négatives sur la grossesse, y compris l’arrêt de cette dernière en cas de dysfonctions majeures au cours du premier trimestre.

Certaines anomalies modifient la position du placenta dans l’utérus : le placenta prævia, trop bas, obture le col ; le placenta accreta, trop inséré dans la paroi utérine, ne se détache pas pour être expulsé à l’issue de la grossesse… D’autres problèmes vont au contraire entraîner son décollement prématuré. Mais de nombreuses autres anomalies, non « positionnelles », sont également susceptibles de compliquer la grossesse et d’altérer la capacité du placenta à jouer correctement ses différents rôles. Elles peuvent provoquer des retards de croissance et des troubles dans le développement fœtal, ou encore mettre la mère en danger. Ainsi, une des principales maladies de la grossesse, la pré-éclampsie, est causée par une dysfonction du placenta qui conduit à une augmentation brutale, sévère et dangereuse de la pression artérielle de la femme enceinte.

Les causes et les mécanismes associés aux troubles du développement et du fonctionnement du placenta sont loin d’être entièrement compris, mais ils font l’objet de recherches actives. À l’Inserm, une équipe de l’Institut pour l’avancée des biosciences de Grenoble (unité Inserm 1209) vient par exemple de montrer comment l’exposition aux particules fines et au dioxyde d’azote pendant la grossesse modifie l’expression de gènes des cellules du placenta, avec vraisemblablement des conséquences fonctionnelles. Par ailleurs, des scientifiques du Centre de recherche en transplantation et immunologie à Nantes (unité Inserm 1064) ont mis au point un procédé qui permet de produire des organoïdes placentaires et devrait faciliter les études sur le développement normal ou pathologique de cet organe. Et grâce aux connaissances déjà accumulées, des pistes thérapeutiques émergent, par exemple pour le traitement de la pré-éclampsie.

🔎 En cas de risques pour la santé de la mère et/ou du fœtus, certaines anomalies placentaires, notamment la pré-éclampsie, peuvent nécessiter la programmation d’un accouchement prématuré. Pour en savoir sur la prématurité et les recherches en cours pour mieux la prévenir et améliorer la prise en charge des enfants nés trop tôt, consultez le Grand angle du dernier numéro du magazine de l’Inserm Prématurité : l’urgence d’agir et notre dossier web.

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