VIH‑1 : moins de patients résistants aux traitements

Les taux de résistance aux traitements antirétroviraux observés chez les patients infectés par le VIH‑1 ont diminué entre 2004 et 2009. C’est ce que montre une équipe de l’Inserm qui a suivi ces résistances chez plus de 500 patients en échec thérapeutique. Une bonne nouvelle, probablement liée à la mise en œuvre directe des trithérapies.

Depuis 2004, de moins en moins de patients infectés par le VIH–1 sont résistants aux traitements antirétroviraux. Cette bonne nouvelle est issue de l’étude Multivir, menée par une équipe de l’Inserm avec le groupe « résistance » de l’ANRS. Un programme de surveillance de ces résistances existe en effet en France, au moment du dépistage de l’infection, avant la mise sous traitement, mais également après, chez les patients en échec thérapeutique comme ceux inclus dans cette étude. 

Trois classes thérapeutiques au peigne fin

Virus HIV
© Inserm – Virus HIV

En séquençant les gènes viraux codant pour la protéase et la réverse transcriptase indispensables à l’expression et la réplication du virus chez l’hôte, il est possible d’identifier des mutations qui rendent le virus résistant aux molécules de trois classes thérapeutiques : les analogues non nucléosidiques de la transcriptase inverse, les analogues nucléosidiques de la transcriptase inverse et les inhibiteurs de protéase. C’est ce qu’ont fait les auteurs de cette étude chez des malades dont la charge virale n’était pas contrôlée sous traitement. 

« Nous avons sélectionné les patients présentant une charge virale supérieure à 50 copies de virus par millilitre de sang. En dessous de ce seuil, le virus est indétectable et le risque de transmission devient quasi inexistant. C’est l’objectif du traitement. Si la charge virale reste supérieure à 50 copies/ml malgré les antirétroviraux, le patient est dit « en échec thérapeutique » et il faut modifier son traitement » explique Dominique Costagliola*, coauteur de ces travaux. En France, 15 % des patients traités sont concernés par cette situation. 

En diminution depuis 2004

Après avoir séquencé les gènes de protéase et de réverse transcriptase chez 506 patients, les auteurs ont constaté que 59 % des échantillons testés présentaient une résistance à au moins un médicament. Le chiffre reste élevé, mais il traduit néanmoins une baisse par rapport à 2004 : à cette date, 85 % des personnes présentant une charge virale de plus de 1000 copies/ml étaient résistantes à au moins un antiviral, contre 67 % aujourd’hui. « Ces résultats sont encourageants et probablement liés à l’instauration directe d’une trithérapie depuis 1996, à la place d’une mono ou d’une bithérapie. Cette association efficace empêche la multiplication du virus chez la plupart des patients et donc l’apparition de mutations pouvant mener à une résistance » explique la chercheuse. 

Des impasses thérapeutiques rarissimes

Autre enseignement de cette étude, seulement 0,9 % des patients présentent une résistance à tous les médicaments des trois classes testées. « Cela montre que le risque d’impasse thérapeutique est extrêmement faible, d’autant plus que nous possédons deux autres classes thérapeutique pour lutter contre l’infection. En France et dans les pays développés, il y a aujourd’hui peu de difficultés à trouver un traitement efficace pour presque tous les patients. Et ces résultats montrent que la stratégie adoptée va dans le bon sens » se réjouit la chercheuse. Actuellement, les patients bénéficient de façon systématique d’un génotypage du VIH avant la mise sous traitement afin de déceler d’éventuelles résistances. Et pour éviter l’apparition de résistances, les associations de médicaments sont modifiées si la charge virale ne passe pas rapidement en dessous du seuil de 50 copies/ml.

Note : 
*Unité 943 Inserm/UMPC, « Epidémiologie, stratégies thérapeutiques et virologie cliniques dans l’infection à VIH », Hôpital de la Salpêtrière, Paris 

Source :
L. Asoumou et coll., Prevalence of HIV‑1 drug resistance in treated patients with viral load >50 copies/mL in 2009 : a French nationwide study. J. Antimicrob Chemother, édition en ligne avancée du 12 février 2013