Seyta Ley-Ngardigal, finaliste nationale de Ma Thèse en 180 secondes

Cent quatre-vingts secondes chrono pour raconter son sujet de recherche. Et pas une de plus ! C’est le défi que s’est lancé Seyta Ley-Ngardigal, doctorante dans une unité Inserm à Bordeaux, en participant au concours Ma thèse en 180 secondes. Un défi qu’elle a relevé avec brio puisqu’elle a participé à la finale de l’édition 2024 et a remporté le Prix des lycéens et lycéennes !

Lorsque l’on rencontre Seyta Ley-Ngardigal, on se retrouve face à une jeune femme pétillante à l’enthousiasme communicatif ! « Toi qui adores parler, tu ne veux pas t’inscrire ? », c’est ce que lui suggère Rodrigue Rossignol, son directeur de thèse. Seyta se dit que pourquoi pas et s’inscrit dans la foulée, deux heures avant la limite. Et la voici embarquée dans l’aventure Ma thèse en 180 secondes (MT180) ! Elle est aujourd’hui en finale nationale après un parcours sans faute : prix du public de la finale de l’Université de Bordeaux ; prix du public et 2ᵉ du jury de la finale régionale ; et enfin sélectionnée pour participer à la finale nationale parmi 58 demi-finalistes ! Son aisance, son éloquence naturelle ainsi que son sens affuté de la répartie ne sont probablement pas pour rien dans sa réussite à ce concours. Et bien qu’elle se soit inscrite un peu par hasard, l’envie de vulgariser, d’expliquer et de partager sa passion pour les sciences et son sujet de thèse à ses proches et au grand public, ont beaucoup joué dans son envie de participer à ce concours.

Seyta Ley-Ngardigal dans le laboratoire de la plateforme CELLOMET, au sein de l’unité 1211 Maladies Rares : Génétique et Métabolisme à Bordeaux. © Alexandra Gros

Depuis toute petite, je veux toujours tout savoir, mettre mon petit nez partout. La recherche, c’est pour moi une vocation ! 

Originaire de Picardie, après un bac scientifique, Seyta opte pour la licence Physiologie animale et Neurosciences de l’université de Poitiers, avant de poursuivre en master Biologie Santé à l’université de Rennes. Elle nous confie que d’avoir bougé durant son parcours l’a beaucoup enrichi socialement et humainement mais lui a également permis de découvrir des environnements de recherche différents. Lors d’une présentation de ses travaux de master au cours d’un séminaire de laboratoire, elle rencontre Anne-Laure Bulteau, coordinatrice scientifique chez LVMH Perfumes & Cosmetics, qui lui propose de faire un doctorat sur une bourse CIFRE (Convention industrielle de formation par la recherche). Cette proposition de thèse tombe à pic : « Je venais de louper le concours de l’école doctorale, cette proposition de thèse arrivait au bon moment ! », nous confie-t-elle. Elles cherchent alors ensemble un laboratoire académique d’accueil et leur choix se porte sur la plateforme de transfert de technologie CELLOMET au sein de l’unité 1211 Maladies Rares : Génétique et Métabolisme, sous la direction de Rodrigue Rossignol, directeur de recherche Inserm. Et voici Seyta lancée dans la folle aventure du doctorat ! Quand on lui demande ce qui l’a attiré dans les sciences, elle répond sans hésiter : « La curiosité. Depuis toute petite, je veux toujours tout savoir, mettre mon petit nez partout. La recherche, c’est pour moi une vocation ! ».

Cette jeune chercheuse passionnée est actuellement en quatrième et dernière année de doctorat avec une soutenance prévue le 27 juin. Son sujet de thèse ? L’étude d’un stress glucotoxique sur les cellules cutanées. En termes simplifiés, Seyta étudie les effets toxiques du sucre sur la peau. On sait aujourd’hui que consommer trop de sucre est mauvais pour la santé. Son excès augmente notamment le risque de surpoids, d’obésité ou de maladies cardiovasculaires. Mais qu’en est-il de l’impact du sucre sur la peau ? C’est la question à laquelle Seyta a essayé de répondre au cours de son doctorat. Pour cela, elle reconstruit des modèles complexes 3D de peau in vitro.

Photo d’un modèle de peau humaine reconstruite in vitro. Pour en savoir plus sur comment Seyta procède pour reconstruire cette peau artificielle, on vous laisse revoir sa prestation pour MT180.
© Seyta Ley-Ngardigal/CELLOMET

En utilisant ce modèle artificiel de peau, Seyta a observé qu’une forte concentration de sucre modifie de nombreux facteurs de la peau, notamment la quantité et la qualité des fibres de collagène qui sont essentielles à la vitalité de la peau. Elle s’est ensuite attelée à identifier des protéines clés impactées par cette forte concentration de sucre dans les cellules cutanées et elle s’est focalisée sur une cible particulière, la protéine GDF15. Seyta a ainsi pu montrer que la présence de cette protéine est indispensable à la peau, puisqu’en son absence, il est impossible de reconstruire des modèles de peau. Pourquoi cette protéine ? Parce qu’elle est déjà étudiée dans le cadre de maladies cardiaques ou métaboliques dont le diabète. Or, les personnes diabétiques présentent également des difficultés de cicatrisation. L’étude de cette protéine représente donc un potentiel thérapeutique intéressant pour des maladies dermatologiques et métaboliques. Au-delà des maladies, la découverte de nouveaux actifs innovants représente un enjeu de taille pour l’industrie cosmétique. Une façon également de questionner l’omniprésence du sucre dans notre alimentation, notamment l’alimentation transformée, et de s’interroger sur son effet sur notre organisme, y compris la peau !


L’aventure Ma thèse en 180 secondes

Pendant plusieurs semaines, Seyta se prête au jeu du coaching afin d’apprendre à expliquer de façon claire, simple et convaincante son sujet de thèse en moins de trois minutes. « Lors de la première séance de coaching, personne ne comprenait rien aux sujets des autres participants et participantes, c’était assez drôle ! Et puis tous ensemble, on a appris à écrire de manière beaucoup plus simple sans rendre la chose totalement stupide ou trop enfantine. C’était ça le plus dur : vulgariser nos sujets de thèse pour le plus grand nombre sans perdre de la substance » nous explique-t-elle. Seyta trouve le format de MT180 ni trop court, ni trop long et c’est d’après elle « le format idéal pour toucher le plus grand nombre de personnes et d’amener des gens éloignés des sciences à s’intéresser à des sujets dont ils n’imaginent même pas l’existence ». Elle voit également les effets positifs pour la suite de sa carrière : « MT180 c’est une énorme vitrine pour exposer son travail et alors qu’aujourd’hui c’est très dur de trouver des emplois dans la recherche, c’est un vrai plus ! C’était très enrichissant et cela rajoute des compétences à notre CV ! ». Alors que son idée première était de réaliser un post-doctorat après l’obtention de son doctorat, Seyta envisage maintenant d’éventuellement poursuivre dans la communication scientifique : « Participer à MT180 m’a beaucoup plu, j’ai vraiment apprécié l’exercice, je m’éclate ! » nous a‑t-elle confié avec un grand sourire et un enthousiasme non feint. 

Nous souhaitons bonne chance à Seyta pour la finale de MT180 !

Rendez-vous pour la finale nationale le 5 juin à Nice et en direct sur Youtube pour l’encourager ! Et pour en savoir plus sur MT180.