Image légendée – Des « mini-foies gras »

À Rennes, une équipe Inserm a développé un modèle cellulaire qui devrait aider à évaluer la toxicité des médicaments pour le foie, que ce dernier soit sain ou atteint de stéatose hépatique non alcoolique.

Un article à retrouver dans le magazine de l’Inserm n°60

Organoïdes hépatiques ©Inserm/NuMeCan

Ce cliché peut faire penser à des bulles de savon sur le point d’exploser. Mais il s’agit de… « mini-foies » de 0,15 millimètre de diamètre, grossis 200 fois ! « En fait, ce ne sont pas des foies à proprement dit, mais des organoïdes, à savoir des agrégats de cellules de foie cultivées en laboratoire, qui se sont auto-organisées en trois dimensions et qui peuvent réaliser les fonctions de cet organe. Ils renferment quatre types de cellules hépatiques, repérés ici chacun par une couleur spécifique : les hépatocytes (en rouge), les cellulaires biliaires (en orange), les cellules immunitaires macrophages (en vert) et les cellules étoilées du foie dont le noyau apparaît en bleu », précise Bruno Clément, directeur de recherche Inserm à Rennes.

Récemment, son équipe a réussi à développer des organoïdes de foie atteints d’une pathologie dont l’incidence augmente avec celle de l’obésité : la maladie du foie gras, ou stéatose hépatique non alcoolique. Due à l’accumulation de graisses dans le foie, en dehors de tout excès d’alcool, celle-ci peut mener à une inflammation puis à une cirrhose. Laquelle conduit à la perte des fonctions de cet organe, notamment sa capacité à transformer efficacement les molécules thérapeutiques ; ce qui majore le risque de toxicité. En exposant ce modèle à divers composés (paracétamol, antidiabétique troglitazone…), les chercheurs ont noté que leur toxicité était augmentée comme lors d’études chez l’humain ou des animaux. D’où la conclusion que ce modèle cellulaire peut servir à évaluer la toxicité des médicaments dans le foie normal ou stéatosé. Et ce, de façon plus rapide et à moindre coût : des atouts majeurs !

Bruno Clément est directeur de recherche au sein de l’équipe Stress exogènes et endogènes, plasticité des réponses et pathologies, dans l’unité Nutrition, métabolismes et cancer (NuMeCan ‑ unité 1317 Inserm/INRAE/Université de Rennes), à Rennes.

Source : J. Bronsard et al. 3D multi-cell-type liver organoids : A new model of non-alcoholic fatty liver disease for drug safety assessments. Toxicol In Vitro., février 2024 ; doi : 10.1016/j.tiv.2023.105728

Autrice : K. B.

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